Tandis que le bateau quitte le port de Quellón, sur l'île de
Chiloé, il est encore impossible pour nous de distinguer le port de la petite
ville de Chaitén mais nous savons qu'elle est la porte de la Patagonie
Chilienne. Depuis le temps qu'elle nous fait rêver cette Patagonie ! Nous y sommes presque, encore quelques heures de bateau et c'est avec notre Pépère que nous y ferons nos premiers tours de roues !
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En route (maritime) pour la Patagonie ! |
Une bonne matinée de pluie battante nous rappelle que de ce côté des Andes, côté chilien, tout est beaucoup plus arrosé car les nuages restent facilement bloqués sur les reliefs. Mais par chance ce jour-là, il ne faut que quelques heures pour que le ciel se dégage et inonde de soleil le Parc National de Pumalín où l'herbe fraîchement coupée sur des kilomètres nous donne l'impression d'être au milieu d'un golf géant ! Début avril, la saison basse vient de commencer et il ne reste pas grand monde pour profiter de cette belle nature. Très vite, cette large vallée, cet immense glacier qui la domine et cette rivière bouillonnante nous rappellent des grands espaces appréciés en Alaska. C'est grand, c'est beau, c'est sauvage, c'est excitant !! Nous partons remonter la rivière jusqu'à sa source, au fond de la vallée où un bras de glacier dégringole la pente, bien bleu et crevassé, étincelant sous le soleil. Voici le premier cadeau que nous fait la Patagonie, à peine arrivés !
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Le chemin nous mène jusqu'au glacier Ventisquero Amarillo |
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La glace bleue et vive à portée de main |
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Un gazon tout aussi bien préservé que le champ de glace du Parc National Pumalín ! |
Retrouvez toutes nos photos du Parc National Pumalín dans notre album
Mais les champignons aussi pointent le bout de leur nez ! Des chapeaux et des lamelles, il y a en a plein mais ce sont les tous ronds que nous savons comestibles ! Alors que nous redescendons des flancs du Cerro Castillo, en forme de forteresse imprenable, où nous avons fait chauffer nos cuisses et fumer nos genoux à crapahuter dans la moraine généreuse, nous arrivons dans les zones de pâture des chevaux, des vaches et des fameux moutons patagons. Une grosse boule blanche au milieu du pré, une vesse de loup ! Je garde un doute mais pourquoi serait-elle différente d'une vesse de loup de l'autre côté de l’Équateur ? Par exemple, un bolet reste bien un bolet, peu importe les latitudes et nous savons qu'il y en en Patagonie !! Revenons à notre vesse de loup qui est bien ferme, à la chair bien blanche... Nous croquons dedans, l'embarquons avec nous et dans le doute attendons un peu... Une heure plus tard, nous ne sommes pas morts dans d'atroces souffrances, il n'y a plus qu'à nous régaler de tranches fines du champignon accompagnées d'un peu de sel et d'herbes ! Encore une magnifique journée et encore un beau cadeau de la Patagonie !
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Redescente dans la moraine vers la vallée où les couleurs de l'automne ne sont pas encore au rdv ! |
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Prêts pour une balade dans la forêt de hêtres, maîtres de la forêt australe ? |
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Les champignons sont bien là et attendent d'être ramassés ! Ici, des cytarrias sont testées et approuvées ! |
Toutes nos photos de cette nouvelle virée sont dans notre album
Après presque 3 mois au Chili, il va être temps maintenant de passer du côté argentin ! Si nous voulons continuer plus au sud, ce n'est pas la Carretera Australe qui nous y mènera bien qu'elle doit bien mener à un bout du monde elle-aussi ! Le poste frontière où nous décidons de passer ne doit pas voir beaucoup de circulation et les formalités d'un côté et de l'autre nous prennent à peine 5 minutes ! Trop facile quand les pays communiquent entre eux comme c'est le cas entre le Chili et l'Argentine. À moins que ce ne soit le climat qui ne donne pas envie aux douaniers de faire durer les inspections car la neige s'invite au rendez-vous ! Du côté argentin, le ton est vite donné niveau paysages et nous découvrons à quel point les Andes sont une importante barrière climatique. C'est parti pour plus de 600 kilomètres de pampa jusqu'à retrouver de nouveau les Andes, au niveau d'El Chaltén. Nelson nous avait prévenu, nous voici en plein cœur de la boucherie argentine ! Nous pensions que nous trouverions des animaux écrasés sur la route mais ce n'est pas cela qui nous impressionne le plus ! Vous vous rappelez des vigognes rencontrées de l’Équateur au nord Chili ? Ici, en Patagonie, ils ont leurs cousins camélidés, les guanacos. Ils ont pour eux seuls des territoires à perte de vue, mais ils trainent toujours au bord de la route. Et là, le problème pour eux, c'est quand ils doivent sauter la clôture à mouton à l'approche d'une voiture et qu'ils ont le vent de face... La boucherie finalement, c'est plutôt un séchoir à guanacos quand, en sautant ils restent coincés sur les barbelés. Ils finissent par agoniser et sécher là, sur le fil, les pattes arrière d'un côté et le reste du
corps de l'autre... Nous avons compté jusqu'à 10 carcasses de guanacos séchés
sur 1 kilomètre parcouru ! Hostile la Patagonie !
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Nous préférons toujours voir les guanacos quand ils n'ont pas besoin de sauter la clôture ! |
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Des chevaux robustes et adaptés au climat, il le faut ! |
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Mais la pampa est aussi le terrain pour d'autres rencontres ! Le "piche de Patagonia" et sa carapace à toute épreuve ! |
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Zorrino, vaut mieux le rencontrer de face ! |
Nos premiers pas en Patagonie Argentine ? Découvrez-les dans notre album
Cet immense espace où très peu d'âmes vivent nous rappelle l'Altiplano à la seule différence que nous ne sommes plus à 4000 mètres d'altitude mais à peine à 300 ! Plus de souci d'acclimatation à l'altitude mais par contre, il faut s'adapter au vent et s'organiser en conséquence ! S'arrêter faire pipi n'est plus une action spontanée, tu cherches un paravent, une portière ouverte qui ne le reste pas ou contre une roue qui ne protège pas quand même. Même quand tu te mets dans le sens du vent en espérant que ça partira loin devant avec une bourrasque, tu n'est pas à l'abri que les tourbillons remontent !! Être un homme en Patagonie, ça peut être rude, être une femme, faut se protéger d'un rhume des fesses car ce n'est pas demain que nous arrêterons de faire pipi sur le bord de la route ! Et maintenant, il y a la question d'un second besoin primaire pour nous, celui d'être propre ! Non non, nous n'oublions pas la douche même dans ces latitudes australes en pleine saison automnale. La tente de douche ? Oubliez, elle ne tient pas avec le vent. Se protéger ? C'est limité alors nous fonçons quand même sous l'eau chaude (c'est déjà ça de pris !) entre deux généreuses bénédictions du vent !
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En route vers El Chaltén ! |
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Accueillis par des hôtes de grande envergure ! |
À l'approche d'El Chaltén, nous quittons la pampa pour les contreforts des Andes et en particulier du Fitz Roy, cette fameuse montagne fumante. Rien à voir avec un volcan, elle est tout simplement très souvent dans les nuages. Comme à son
habitude, elle est effectivement invisible alors que nous faisons route vers
elle et que Pépère lutte contre le vent de face. Il vaut mieux bien tenir son volant pour éviter les écarts et finir dans le décor ! La petite ville d'El Chaltén nous parait accueillante dès le premier abord et
très vite nous comprenons que nous allons avoir beaucoup à faire et que nous
allons nous y plaire ! En plus, cette partie du Parc National "Los
Glaciares" est gratuite et ça c'est un sacré plus ! Nos jambes de petits
montagnards trépignent déjà d'impatience !
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Quelques heures après être arrivés, le Fitz Roy ou Cerro Chaltén, "la montagne qui fume", se dévoile, magnifique ! |
4 heures du matin, nous ne sommes pas longs pour nous lever
et prendre le chemin vers la Laguna de los Tres qui se trouve être au pied du
Fitz Roy. La journée est annoncée belle, nous faisons confiance à la météo même
si nous sentons quelques gouttes et que les nuages cachent la majorité du ciel
étoilé. La lune transperce malgré tout la couverture nuageuse et nous aide à y
voir plus clair alors que nos deux lampes frontales commencent à flancher... Ça
faisait longtemps que nous ne nous étions pas levés aux aurores pour marcher
quelques heures avant le lever du soleil, nous allons reprendre l'habitude de
faire quelques vérifications ! Malgré tout, même en mode nocturne, le chemin
est évident et nous mène directement jusqu'au pied d'une immense moraine, la
dernière partie du chemin qui devient tout à coup bien raide. Mais à peine
franchie cette ultime difficulté, une fois de plus la Patagonie nous fait un
immense cadeau : le Fitz Roy et tout son massif commencent à se dégager !
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Ambiance matinale sur le massif du Fitz Roy qui se reflète dans la Laguna Sucia qui ne mérite pas son nom de "sale" ! |
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Les premiers rayons du soleil viennent réchauffer le massif |
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Le temps est même propice au bain, au pied du Fitz Roy !! |
Toutes nos photos sont dans notre album
La
journée est idéale et bizarrement, le vent est allé voir ailleurs,
c'est incroyable d'être là-haut ! Les eaux turquoise du lac donne même
envie à Alex d'y faire un plongeon ! Le bain est le plus court possible,
ce n'est quand même pas les Caraïbes ! El Chaltén devient pour quelques
jours notre port d'attache.
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En chemin pour un lever de soleil à la Laguna Torre, au pied du Cerro Torre qui ne se dévoilera pas, dommage ! |
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Mais les lumières du levant sont quand même magnifiques ! |
Alors que nous ne savons pas encore jusqu'à quel bout du monde au sud nous irons, nous reprenons la route avec l'idée de revenir bientôt à El Chaltén. L'étape suivante incontournable n'est autre le fameux glacier du Perito Moreno dont le front de 70 mètres de haut en perpétuelle avancée est tout proche, presque à portée de main. Nous ne nous lassons pas, toute la journée, de l'entendre craquer et comme deux gamins, nous scrutons la moindre chute de gros glaçons qui pourrait avoir lieux juste en face de nous ! Et à force d'être patients et d'apprécier le lent déplacement de la masse de glace qui sans cesse craque, nous avons eu droit à la naissance tonitruante d'un iceberg !
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Il y a beaucoup d'avantages à être en Patagonie en automne, les levers de soleil font partie des immanquables ! |
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Le fameux glacier Perito Moreno, le 3ème plus grand d'Argentine avec ses 250km2 |
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Avec un front de 5 kilomètres de long, jusqu'à 70 mètres de haut et avançant de 2m/jour, c'est normal que ça tombe ! |
Ravis de notre spectacle glaciaire en son et images, nous avons fait un nouveau saut de puce dans les latitudes et avons rejoint de nouveau le Chili pour découvrir d'autres montagnes patagonnes, le Parc National de Torres del Paine. De leur notoriété est née une belle injustice, pour nous étrangers. Alors que notre passeport nous offre une grande ouverture de certaines portes, nous savons que c'est une chance, ne l'oublions pas, il les ferme dans chaque parc national depuis la Bolivie... Nous nous étions débrouillés pour payer le prix d'un argentin à l'entrée du glacier du Perito Moreno, nous n'accepterons pas de payer 3 fois et demi plus cher qu'un chilien pour pénétrer dans le Parc National de Torres del Paine... 21000 pesos, 30 euros par personne... La moitié du prix du Pass pour TOUS les Parcs Nationaux aux États-Unis pour l'ensemble des personnes voyageant dans un même véhicule pour une année entière... Plus de la moitié du prix du Pass valable un an pour accéder aux Parcs Nationaux Canadiens... Quand l’accès à la nature devient un fond de commerce alors qu'elle devrait être un droit, comme en Scandinavie... Alors oui, c'est vrai que nous ne payons pas d'impôts dans ces pays mais c'est à moitié vrai car nous consommons et qu'en tant que touristes, nous faisons fonctionner une économie... Alors, nous avons décidé de ne pas y rentrer et nous avons continué notre route pour gagner notre bout du monde, le point le plus au sud de nos 4 ans sur les routes américaines.
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La vue est belle aussi sur les Cuernos en dehors du Parc National Torres del Paine ! |
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Des airs de bout du monde dans la ville de Puerto Natales, Chili |
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Mais nous allons encore continuer un peu plus au sud ! Direction Punta Arenas ! |
Notre bout du monde, c'est là où les pneus n'ont pas pu aller plus loin puisque la
piste suivant les eaux du Détroit de Magellan arrive à une barrière. Un beau panneau "Fin de Camino" ne nous permet pas de continuer à 4 pneus mais nous avons tenté d'aller un peu plus loin à 4 pieds !
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Alors là, il n'y a pas de doute, Pépère tu n'iras pas plus loin ! |
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Chemin douteux, chemin boueux ! |
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Le chemin a dû être croqué par les vagues ! |
Au final, nous ne nous sommes pas beaucoup rapprochés du Pôle Sud ! D'un côté, le chemin n'était plus qu'une zone de tourbière... De l'autre, cheminer en évitant chaque vague venue grignoter un peu plus la côte en grimpant aux arbres... Nous avons vite compris que nous ne pourrions pas aller beaucoup plus au sud ! Au final,
la fin du chemin, elle est aussi pour nos 4 pieds, mouillés des eaux du Détroit de Magellan ! Ça claque !
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Tout proche de la pointe sud de l'Amérique du Sud continentale, les roues dans les eaux du Détroit de Magellan ! |
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Le Détroit de Magella, chargé d'histoires maritimes ! |
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L'Amadeo, aujourd'hui gardien rouillé des frontières de la Terre de Feu, juste située de l'autre côté du Détroit ! |
C'est assez curieux de remettre alors le cap au nord, nous sommes silencieux et nous avons tous les deux le sentiment de laisser quelque chose derrière nous un peu plus au sud que le 53ème parallèle, là où le continent sud-américain se termine, aux frontières de la Terre de Feu. Les dizaines de milliers de pingouins de Magellan dans la colonie du Parc National de Monte Léon (gratuit !) ont eux-aussi décidé de quitter le sud où l'hiver va bientôt s'installer. Quelques irréductibles nous offrent encore le spectacle de leurs expéditions dandinantes pour rejoindre l'océan pour se nourrir ou revenir à leur nid où leurs compagnons sont encore en train de muer. 44cm de hauteur et 4 kilos à peine, ils sont sûrement mieux dans l'eau qu'à lutter contre le vent pour remonter sur la plage à patte palmée !
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Les derniers irréductibles de la colonie attendent de palme ferme ceux qui reviennent de la pêche ! |
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S'ébrouer et perdre ses dernières vieilles plumes, derniers jours à terre avant 5 mois de pêche en haute mer ! |
Mais, avant de véritablement reprendre la route vers Santiago et encore de chaleureux moments et de bons projets, nous faisons une nouvelle halte à El Chaltén où l'ingrat Fitz Roy ne veut toujours pas se montrer... Il se montre quand nous ne l'attendons pas et se cache alors que nous sommes impatients de le redécouvrir... Nous offrira-t-il sa plus belle face révélée de nouveau pour un dernier cadeau avant de quitter les Andes Patagonnes ? Dans tous les cas, nous reviendrons bien un jour, nous l'espérons !
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Finalement, pas si ingrate que ça la montagne qui fume !! Du plaisir et de sacrés souvenirs de Patagonie ! |
A très bientôt,
Les Galopères.